dans le domaine pharmaceutique
Faculté de
pharmacie
Historique de la faculté
Des figures prestigieuses au service de la population
Prenant la suite de l'École préparatoire fondée en 1854, devenue pour peu de temps École de plein exercice en 1874, la Faculté mixte de médecine et pharmacie est créée par le décret du 12 novembre 1875, avant de faire partie de l'Université de Lille constituée par la loi du 10 juillet 1896.
Le professeur Cazeneuve qui la dirigeait depuis l'origine en fut le premier doyen. Lui succédèrent, jusqu'à l'époque des nouvelles universités, les professeurs Wannebroucq (1878), Folet (1889), de Lapersonne (1892), Frédéric Combemale (1900), Charmeil (1919), Dubois (1928), Leclercq (1941), Pierre Combemale (1944) et Warembourg (1963). Ce dernier devient, en 1970, le premier président de l'Université du Droit et de la Santé (Lille 2).
La Faculté mixte de médecine et de pharmacie donne alors naissance à quatre Unités d'Enseignement et de Recherche (UER) :
- trois UER médicales dirigées par les professeurs Jaillard, Libersa et Biserte auquel succède en 1972 le professeur Guérin (ces 3 UER furent regroupées à partir de décembre 1980 en une seule UER dirigée par le doyen Fourrier auquel succède le doyen Devulder en 1990) ;
- une UER de pharmacie, dirigée par le professeur Cuingnet (jusqu'à son accession à la présidence de l'Université de Lille 2 en 1976) puis par les doyens Traisnel
- (1976), Cazin (1982), Vion (2000), Dubreuil (2010), Cuny (2015) et Décaudin (2017)
Installée d'abord rue des Fleurs, près de l'actuel boulevard Carnot, la Faculté mixte de médecine et pharmacie prit possession de ses locaux rue jean Bart le 3 novembre 1882. Elle y restera 70 ans. Vers 1930, le professeur Oscar Lambret forma le projet, hardi et original pour l'époque, de créer une immense Cité hospitalière réunissant tous les services de clinique avec leurs consultations externe et la Faculté de médecine : un CHU avant la lettre ! Ce projet bénéficiait du soutien du député-maire Roger Salengro et du Président du Conseil Albert Sarrault. Les travaux eurent lieu entre 1935 et 1939. La guerre empêcha que la rentrée universitaire se fit en 39 dans la nouvelle Faculté. Seul l'Institut de recherche sur le cancer fût terminé et fonctionna dès 1939. Il fut ensuite dédié à Oscar Lambret décédé en 1943, hommage tout à fait justifié pour celui qui, en plus d'être un grand bâtisseur, fut un grand professeur et un grand chirurgien.
Après la guerre, à l'instigation du doyen Pierre Combemale, fut créée une commission d'achèvement de la Cité hospitalière, dont le secrétaire général fut le professeur Claude Huriez, qui s'investit totalement dans ce projet avec un enthousiasme exceptionnel et une clairvoyance géniale, d'après ceux qui ont vécu cette époque. En 1951-1952, la Faculté s'installa dans ses nouveaux locaux qui furent inaugurés le 3 octobre 1953 avec l'ensemble de la Cité hospitalière.
En novembre 1969, rue du Professeur Laguesse, l'enseignement pharmaceutique s'installe dans les nouveaux locaux de ce qui devient la Faculté de Pharmacie.
Au cours du siècle écoulé, de prestigieuses figures ont illustré la Faculté de médecine et pharmacie, en apportant à la science des progrès décisifs et en déployant une activité considérable au service de la population. Il n'est pas question, dans le temps qui m'est imparti de retracer l'histoire de toutes les chaires ou de toutes les disciplines, ni d'évoquer tous ceux qui les ont illustrées. Le professeur Gérard Biserte l'a fait excellemment dans un ouvrage remarquable publié en 1975 à l'occasion du centenaire de la Faculté. je me contenterai d'évoquer, dans un choix totalement arbitraire, quelques-uns de ceux qui, au cours de cette période, ont marqué d'une empreinte forte la Faculté, la Science, la Cité.
Sur le plan de l'enseignement pharmaceutique, la première grande figure est Henri-Aimé Lotar, né en 1836, chargé de cours à l'École préparatoire de médecine et pharmacie à partir de 1865 puis premier titulaire de la chaire de pharmacie créée à la Faculté en 1881. Il exerça également comme pharmacien d’officine à Lille où il reprit l’ancienne officine de son père, Henri Lucien Joseph Lotar (située au n° 27 de la rue de Roubaix). On peut voir le mobilier et divers objets de son officine au musée de la Faculté de pharmacie. Il enseigna jusqu'à sa mort en 1898.
Le professeur Eugène Deroide lui succède, mais décède en 1900 à l'âge de 37 ans. Le professeur Ernest Gérard le remplace en 1901 et devient, en outre, assesseur du Doyen de 1919 à 1933, le professeur Vallée lui succédant dans cette fonction. Depuis Ernest Gérard, la tradition qu'un assesseur du Doyen de la faculté mixte soit pharmacien a été constamment respectée.
Le professeur Albert Lespagnol est quant à lui, assesseur du Doyen à partir de 1941 jusqu'à la fin de la Faculté mixte et la création de l'Université de Lille II en 1970. Élève des professeurs Eugène Lambling et Michel Polonovski, le professeur Albert Lespagnol donna un essor tout particulier à la chimie de synthèse des médicaments que l'on a appelée successivement pharmacie chimique et chimie thérapeutique. Il. fut membre de l'Académie de médecine, honneur peu fréquemment conféré à un pharmacien,. Il marqua très profondément les sciences, pharmaceutiques de son époque et forma une pléiade d'élèves restés dans Ie milieu universitaire : les professeur Robert Merville (toxicologie) et Denise Bar (chimie organique), le doyen Cazin (pharmacologie) et beaucoup d'autres.
L'enseignement pharmaceutique fut, également illustré par les professeur Morvillez, successeur du professeur Gérard dans la chaire de pharmacie qui deviendra "Pharmacie Galénique, Botanique et Matière Médicale ", chaire donnant plus tard naissance à plusieurs chaires : celle de Botanique et Matière médicale avec le professeur Charles Dehay en 1942, qui est secondé à partir de 1949 par Madame Lucienne Bézanger Beauquesne qui devient plus tard (1969) titulaire d'une chaire de matière médicale; la pharmacie galénique donne lieu à la création d'une chaire, en 1947, lors de la titularisation du professeur Paul Balatre.
La trentaine de professeurs et chargés de cours de médecine et pharmacie des années 1890 formant environ 400 étudiants en médecine et une centaine, à peine, en pharmacie ont laissé la place aujourd'hui dans la seule Faculté de Pharmacie à 135 enseignants-chercheurs, 100 personnels administratifs et techniques, environ 800 étudiants de PACES / option « Pharmacie » et 2000 étudiants à compter de la 2e année d’études, ainsi que quelques 1000 inscrits en formation continue (chiffres de 2016).
Les Facultés issues de l'ancienne Faculté mixte de médecine et de pharmacie continuent à développer leur rayonnement dans la Région, en France et dans le monde entier, en particulier grâce aux sommités scientifiques de réputation internationale, sans oublier les jeunes chercheurs et enseignants-chercheurs qui déploient leur inlassable activité tant dans nos structures universitaires que dans les organismes de recherche qui leur sont associées. je n'en citerai aucun, ne pouvant les citer tous et ne voulant pas heurter leur modestie bien connue. Car, parodiant Courteline, je dirai que depuis plus de cent ans, chez nous, pour la modestie, on ne craint personne.
Le Professeur Lambret en 1912
(Rictus, chansonnier du cinquantenaire des L'Internat des Hôpitaux de Lille : 1898-1948 Coll: Dr A.Gérard)